Pratiques transgressives des adolescentes
montreal
30 mai 2018Cette étude de cas s’attarde particulièrement aux adolescentes, aux espaces publics qu’elles fréquentent et à leurs pratiques transgressives à Montréal
Quelles sont les pratiques des adolescentes dans les espaces publics, et comment transgressent-elles les règles, normes et attentes?
En adoptant la posture des études féministes qui soulignent le rapport de co-construction entre l’environnement physique, son sens symbolique et le genre, nous affirmons que, dans notre contexte nord-américain, l’espace public est pensé pour et utilisé par les hommes. Cette omniprésence dans la gestion et l’utilisation des espaces publics relègue, volontairement ou non, les femmes à la sphère privée. Et même si depuis près d’un siècle, les espaces publics urbains sont de plus en plus ouverts et démocratiques, les lieux publics restent stigmatisés pour les femmes de tout âge, que l’on positionne dans des enjeux de sécurité et d’intégrité physique et morale.
Dans ce contexte, les adolescentes, aux prises avec une double identité socialement excluante (de genre et d’âge), se retrouvent en marge de l’espace public. Cette étude de cas TRYSPACES Montréal se veut donc l’occasion de répondre à la question suivante : quelles sont les pratiques des adolescentes dans les espaces publics, et comment transgressent-elles les règles, normes et attentes?
Ce qu’en disent les recherches existantes sur le sujet
Les rares recherches sur le sujet révèlent que les adolescentes apprécient particulièrement (mais pas uniquement) les activités de sociabilité, comme les conversations dans des endroits accueillants. D’une part, ces activités de sociabilité sont socialement jugées comme passives ou sédentaires, des qualificatifs péjoratifs dans les sociétés promouvant l’activité physique et qui ne s’appliquent pourtant pas à la sphère masculine qui, dans le même contexte, « (re)produit la démocratie ». D’autre part, ces pratiques sont considérées comme vulnérabilisantes et potentiellement victimisantes, ce qui fait émerger un ensemble de ressources assurant que ces pratiques se déroulent sous surveillance, voire qu’elles ne se déroulent pas du tout. Hypothétiquement, les pratiques transgressives des adolescentes reposeraient donc sur ces activités de sociabilité pratiquées au cœur des espaces publics ou en marge de ceux-ci.
Ce que nous voulons faire dans le cadre de cette étude
Dans la perspective du Living Lab favorisé par TRYSPACES, et en partenariat avec des écoles secondaires et des organismes communautaires, nous favorisons une approche collaborative avec les adolescentes de 14 à 18 ans afin d’amasser des données, d’en faire l’analyse et la diffusion.
Premièrement, nous ferons des entrevues de groupe avec cinq groupes de huit adolescentes pour comprendre, dans leurs mots, les espaces fréquentés et les pratiques régulées et transgressives, et établir, selon leurs besoins, les termes de la recherche, ses objectifs et son déroulement. Nous souhaitons obtenir lors de ces rencontres des données localisées et qualifiées sur des lieux fréquentés et des pratiques régulées et transgressives. Ces données pourraient prendre la forme, par exemple, des cartes cognitives des expériences urbaines. Ces cartes consistent en des dessins, plus ou moins détaillés, des secteurs fréquentés entre la maison et l’école, des lieux associés à de fortes émotions en ce qui concerne de transgression ou de régulation. Cet exercice a deux objectifs : établir une base de discussion commune sur la transgression et l’espace public, et nous permettre de mettre sur pied un plan d’observation, qui sera soumis à approbation des adolescentes.
Dans un deuxième temps, nous procéderons à de l’observation dans des espaces publics choisis par les adolescentes, afin d’éclairer les contextes déterminants dans la mise en scène de pratiques transgressives. Une deuxième rencontre sera organisée avec les participantes afin de discuter des résultats obtenus lors de l’observation, et de leur permettre de partager leur nouvelle vision de la transgression et leurs récentes expériences, s’il y a lieu. La suite de la collecte de données sera discutée et évaluée par les adolescentes. Finalement, une dernière rencontre sera organisée afin de discuter de la façon de partager les résultats. Nous prévoyons que cette étude de cas révèlera que plusieurs pratiques transgressives des adolescentes dans l’espace public sont des activités banales, mais négativement perçues par la société, et que pour cette raison, ce sont des occasions d’apprentissage des normes liées à leur genre dans le paysage urbain.
Photographie de couverture: Dmitry Ryzhkov, 4 septembre 2015 (Flickr) https://flic.kr/p/JZyBuK
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Pour consulter la version web de la fiche synthèse de cette étude de cas pour l’année 2018 et la version imprimable.