Retour sur la journée Pop-Part et la sortie du livre «Jeunes de quartier»

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21 octobre 2021

Qu’en est-il de la situation des quartiers populaires ?
Qu’est ce que c’est que d’être jeune dans ces quartiers ?

Article écrit par Nawufal Mohamed, membre du collectif Aclefeu, participant à Pop-Part et responsable pour la région parisienne du projet tryspaces_digital sur Instagram

En effet si l’on se fie aux médias, aux déclarations de nos responsables politiques et aux acteurs de terrains, il semblerait que ces quartiers populaires soient aujourd’hui au bord de l’explosion. Pire encore, depuis quelques années ils sont perçus, et dépeint comme étant la source des maux français. Pour lutter contre cette vison stigmatisante de ces quartiers et dans l’objectif de construire une vision plus juste et plus réaliste, plusieurs groupes de jeunes, issus des villes emblématiques de la politique de la ville ( Clichy sous-bois , Vaux en vélin , Nanterre , Gennevilliers, Aubervilliers, Pantin , Corbeil Essonne, Grigny) se sont engagés dans un travail de recherche en partenariat avec des chercheurs de TRYSPACES, des militants associatifs ainsi que des professionnels de la jeunesse et de l’éducation populaire.

Pour y parvenir ils se sont appuyés sur une méthodologie assez ludique et innovante avec la mise en place de nombreux ateliers, des balades urbaines, ainsi que la réalisation et la conception de capsules vidéo. En plus de ces animations au sein de leurs groupes respectifs, les 120 jeunes se sont régulièrement retrouvés lors des séminaires afin d’échanger sur leurs expériences tout en travaillant sur la rédaction d’un livre intitulé « Jeunes de quartier, le pouvoir des mots ».

C’est donc tout naturellement que ces jeunes se sont retrouvés le samedi 2 Octobre 2021, à l’Université Paris 10 Nanterre pour conclure cette superbe expérience avec la remise du livre co rédigé tous ensemble: Jeunes de quartier – Le pouvoir des mots.

Déroulement de la journée

Dans ce cadre, une pièce de théâtre s’appuyant sur le contenu du livre a été mise en scène par la dramaturge Eloise de Rivière et interprétée par des jeunes qui sont eux aussi issus de ces quartiers. Tous ont été agréablement surpris de retrouver leurs récits et leurs poèmes à travers la pièce de théâtre « vivas ». Une tendance qui s’est par ailleurs confirmée à la fin de la pièce, lors de l’échange qui s’en est suivi entre le public et les acteurs et à travers duquel ils ont une nouvelle fois évoqué les problématiques et les difficultés auxquelles ils sont confrontés quotidiennement (Violences policières, discriminations, inégalités, cadre de vie, religion etc.…) Ce qui nous a tous permis d’avoir un aperçu du livre en attendant sa lecture.

PRÉSENTATION DE LA PIÈCE DE THÉÂTRE « VIVAS »

Après cela, nous avons assisté à la projection d’un film sur le projet « pop art » s’appuyant sur les témoignages des participants. Ils ont pour la plupart d’entre eux évoquer les aspects positifs de ce travail en partenariat, et plus particulièrement le fait que grâce à ce projet, certains parmi les jeunes participants ont amplifié leurs engagements au service de leurs quartiers en devenant des élus locaux, des journalistes de proximité sans oublier tout ceux et celles qui se sont lancés dans la réalisation et la conception de projet audiovisuel pour lutter contre la vision stigmatisante et les préjugés à l’égard de ces territoires. Ils ont quasiment tous émis le souhait de poursuivre le projet pop art au-delà de la publication du livre.

Faisant partie de ces jeunes participants, et désormais chargé d’alimenter la partie française sur la page Instagram de TRYSPACES, nous avons profité de cet échange pour inviter les jeunes à nous suivre via la page Instagram de TRYSPACES pour s’inscrire plus durablement dans ce projet, tout en découvrant le travail accompli par nos partenaires des autres villes (Montréal, Hanoi et Mexico). C’est donc sur ce deuxième temps d’échange que s’est achevée cette matinée consacrée à la présentation du livre et au bilan du projet « Pop-Part ».

Programme de l’après midi
En début d’après-midi, les jeunes se sont répartis dans trois groupes distincts, dont un qui a parlé de ce que c’est qu’être jeune dans les quartiers populaires et un autre de l’impact du Covid-19 pour les habitants des quartiers populaires.

Portant un intérêt particulier pour l’univers des jeunes des quartiers populaires, et issu de ces territoires nous avons tout naturellement choisi le premier atelier. Dans un premier temps, les jeunes se sont répartis en plusieurs sous-groupes pour réfléchir et échanger autour de la problématique suivante « qu’est-ce que c’est qu’être jeune dans les quartiers populaires ? ». Dans un second temps, chacun des groupes avait désigné un porte-parole pour rendre compte de ce qu’il ressortait de leurs discussions.

Le premier groupe avait alors insisté sur les difficultés de mobilité et l’enclavement de certaines villes, plus particulièrement dans le 91. Cette difficulté de pouvoir se déplacer, est également perçue par certains jeunes comme étant l’un des facteurs qui amplifient les rixes, puisqu’avec très peu de passage de bus, le risque de s’y retrouver avec des bandes rivales devient de fait plus élever. Certains jeunes préfèrent alors s’enfermer dans leur quartier, ce qui peut conduire un certain nombre d’entre eux dans la grande précarité.

Le deuxième groupe de jeune avait quant à lui évoquer les difficultés d’insertion socio-professionnelle, les difficultés de reprendre des études universitaires, où d’obtenir une formation souhaitée après avoir quitté l’école par manque de maturité. Ils sont du coup pour un certains nombre d’entre eux, sans emploi, au chômage avec des perspectives assez limitées.

De son coté, le troisième groupe avait insisté sur le respect que ces jeunes portent aux mères de familles de leurs quartiers. Elles sont perçues comme des héroïnes du quotidien. Elles sont souvent la source d’inspirations de nombreuses chansons de la part des rappeurs français, et on voit par ailleurs à travers les réseaux sociaux qu’elles n’hésitent pas à intervenir et à s’interposer entre les jeunes pour stopper les rixes.

Le public, composé essentiellement de jeunes, partageait ces constats, ce qui n’était pas le cas avec le quatrième groupe, qui avait insisté sur le fait que le quartier peut être perçu, comme étant une prison à ciel ouvert et que le fait de les quitter, de s’en évader peut-être considérer comme étant un marqueur de réussite sociale. Des propos et un point de vue qui ont provoqué le débat entre les jeunes, puisque la grande majorité d’entre eux ont exprimé leurs attachements pour ces territoires en marge de la société française.

Les propos de ces jeunes mettent une fois de plus en lumière, les problématiques auxquelles ils sont confrontés (Rixe, décrochage scolaires, difficultés d’insertion, enclavement) tout en insistant malgré tout sur l’attachement à l’égard de ces quartiers du fait des multiples formes de solidarité qui s’expriment entre les habitants de ces quartiers. Une vision qui contraste nettement avec celle véhiculée par les médias qui ne parlent de ces quartiers qu’a travers les sujets sensationnel, la lutte contre le séparatisme et le trafic de drogue).