Cartographie sensible des espaces publics juvéniles

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29 May 2020

Dans le contexte du développement d’actes violents dans l’espace public et du sentiment d’un espace public jugé insécurisant pour les enfants et les jeunes, il est proposé ici de travailler sur les pratiques et déplacements/évitements des jeunes des quartiers nord de Saint-Denis.

Dans le contexte du développement de rixes entre jeunes collégiens de différents quartiers, l’étude/action développée ici  propose de travailler sur les pratiques et déplacements des jeunes des quartiers nord de Saint-Denis. Il s’agit d’élaborer des cartographies du territoire du point de vue de la pratique qu’en ont les jeunes : où vont-ils ? Quels sont les territoires autorisés, dangereux, interdits ? Quelles sont les frontières ressenties par les jeunes ? Quelles représentations ont les jeunes de leur territoire ?

Carte collective créée par les enfants du centre de loisirs Cosmonautes- photo Abdoulaye Diaw

Pour ce faire, 10 groupes d’enfants (9-10 ans) et de jeunes (16-18ans) ont été constitué par des enseignants de collèges, des animateurs de centres de loisirs, des animateurs d’antennes jeunesse. En co-animation avec un « observateur », ils ont, dans le cadre de trois ateliers collectifs, travaillé sur les déplacements des jeunes, les lieux investis, les lieux évités, ainsi que sur les représentations de leur quartier et de la ville.

Création des cartes individuelles Centre de loisirs Cosmonautes. Photo Abdoulaye Diaw

Le premier atelier a permis à chaque jeune de réaliser la carte de ses déplacements, des lieux appréciés et des lieux évités. Ces cartes individuelles ont été partagées pour construire une carte commune au groupe. A partir de celle-ci, un parcours a permis pendant le second atelier de se rendre sur les principaux lieux choisis, facilitant la prise de parole sur les pratiques réelles, les représentations autour de ces lieux. Le troisième atelier a permis, à travers un exercice de photolangage, de pointer les représentations positives et négatives de la ville, de se projeter dans une ville souhaitée.

La période de confinement, démarrée en France le 17 mars 2020 a stoppé les ateliers en cours de réalisation. Néanmoins, le travail de terrain mené par Abdoulaye Diaw, stagiaire TRYSPACES, a pu être mené à terme sur un des groupes. Les pistes d’analyse émergent d’ores et déjà et le travail de recollement global de l’ensemble du terrain effectué reprendra à la rentrée de septembre 2020

Contrairement à l’idée « d’enfermement » associée souvent aux quartiers populaires d’habitat social, les enfants dès 9 -10 ans ont une pratique de la ville déjà étendue, même si elle est en grande partie encadrée par les adultes. L’espace du quartier semble représenter un espace protégé, investi très tôt par les enfants. Pour les sorties hors du quartier (essentiellement centre-ville) l’encadrement par les « plus grands » correspond à un « sas » entre celui des parents et l’autonomie au sein du groupe de pairs. Cette situation générique connait de fortes variationsG, notamment selon le genre : les filles se déplacent moins loin, déclarent plus d’endroits évités. La situation des quartiers (plus ou moins grand et plus ou moins jugé sûr) le rapport des parents à celui-ci (ancienneté, connaissance) et les situations sociales des parents sont également des pistes à explorer pour comprendre la diversité des pratiques des adolescents dans la ville.

Exercice de photolangage Centre de loisirs Cosmonautes-